Actes de soins d’urgence pratiqués par les sapeurs-pompiers de la Gironde : bilan après 1 an de mise en place


Issue de la loi Matras de 2021 et du décret du 22 avril 2022, la réalisation d’actes de soins d’urgence par les sapeurs-pompiers au bénefice des victimes, conforte la place essentielle des sapeurs-pompiers dans la chaîne des secours et les positionne désormais comme de véritables acteurs du soin.


Depuis juin 2024, les soldats du feu et soldats de la vie que sont les sapeurs-pompiers ont la possibilité de déployer de manière précoce certains actes de soins à visée diagnostique ou thérapeutique. Ces actes, prescrits par les médecins régulateurs urgentistes hospitaliers du SAMU 33 permettent l’administration précoce de thérapeutiques pour les patients en situation d’urgence vitale telles que l’asthme ou le choc allergique par exemple. Ils permettent également d’offrir au médecin régulateur des informations diagnostiques primordiales qui vont lui permettre d’orienter au mieux le patient vers le plateau technique le plus adapté.

Le meilleur exemple de ces actes diagnostique étant la réalisation et la transmission de l’électrocardiogramme permettant le diagnostic précoce d’une pathologie cardiaque.

Le SDIS de la Gironde est le premier SDIS de France a avoir déployé l’intégralité des actes de soins d’urgence permis par la réglementation, ceci au bénéfice de la population girondine.

1 an d’actes de soins d’urgence : une action rapide et bénéfique auprès des victimes sur l’ensemble du territoire girondin

Dès la parution du décret de 2022, le SDIS de la Gironde a formé ses sapeurs pompiers à l’ensemble des actes diagnostiques en autonomie qui étaient autorisés par ce dernier. Nous pouvons citer parmi ceux-ci, la mesure de la pression artérielle, de la glycémie capillaire, ou la mesure du taux de monoxyde de carbone dans le sang.

Depuis un an maintenant, sur prescription du médecin régulateur urgentiste du SAMU, ou bien par celle d’un médecin présent sur place et même en cas d’urgence vitale décision d’un médecin sapeurs-pompiers, les sapeurs-pompiers de Gironde peuvent réaliser la totalité des actes de soins d’urgence permis par le décret. Ceci a été possible grâce à une grande implication de nombreux intervenants du SDIS (formateurs, professionnels de santé, pharmacie…), par un travail en parfaite collaboration avec les partenaires hospitaliers du SDIS mais également par une grande volonté de l’établissement d’offrir les soins les plus avancés aux victimes sur le territoire girondin.

Chiffres clés

En un an, plus de 5000 actes de soins d’urgence sur prescription médicale ont été réalisés parmi lesquels :

– 3300 électrocardiogrammes (douleurs thoraciques)

– 1250 prise en charge de la douleur

– 200 crises d’asthme

– 100 hypoglycémies sévères

– 25 allergies graves

– 10 intoxications aux opiacés

– 100 dépistages d’hémorragies sévères

Un bilan positif partagé par les différents acteurs des soins d’urgence

Avec 1 an de recul, le bilan est extrêmement positif : les actes de soins d’urgence permettent de soulager rapidement les victimes douloureuses et de sauver des vies en cas d’urgence vitale immédiate. Ce constat fait par les sapeurs-pompiers est également partagé par l’ensemble des partenaires participant à la prise en charge des victimes (médecins régulateurs, médecins des SMUR, médecins des services d’accueil des urgences, cardiologues,…).

L’avis du service SAMU-SMUR du CHU

« La mise en place des bilans ASU apporte à la régulation SAMU des informations régulières et pertinentes sur l’état des patients.

La capacité à prescrire un examen ou un soin aux équipes du SDIS est une avancée significative et un gain d’efficience. Nous souhaitons bien entendu poursuivre cette collaboration »

Pr Philippe Revel, service SAMU-SMUR

L’avis du Pôle cardiologie du CHU

« La réalisation de l’électrocardiogramme (ECG) qualifiant l’infarctus du myocarde avec sus décalage du segment ST, doit être réalisé dans les 10 minutes qui suivent le premier contact médical d’après les recommandations de la société européenne de cardiologie. Cet ECG qualifiant permet d’orienter le patient vers une structure d’USIC avec plateau de cardiologie interventionnelle. Avec la réalisation de l’ECG qualifiant par les équipages sapeurs-pompiers, on a pu grandement optimiser le délai de prise en charge et surtout l’adressage .» Professeur Edouard Gerbaud, responsable de l’unité de soins intensifs cardiologiques« 
Il s agit de la plus grande innovation des 10 dernières années dans la prise en charge de ces patients :
le bon patient au bon endroit au bon moment. » Dr Benjamin Seguy, unité de soins intensifs cardiologiques

L’avis du service des urgences de l’hôpital d’Arès

« Nous percevons comme une avancée pour les patients la réalisation d ‘ASU réalisés par les pompiers sur leur lieu d’intervention dans de nombreux domaines. Le plus fréquent se retrouve en traumatologie avec l’utilisation du Penthrox de manière simple et accessible, ce qui facilite le conditionnement du patient (immobilisation et relevage) ainsi que son transport jusqu’au lieu d’accueil dans les SAU.

La réalisation de nébulisations précoces s’avère aussi efficace dans certains cas sur des situations de bronchospasme avec signes de lutte respiratoires. On constate aussi un gain de temps et une plus-value sur certaines réactions anaphylactiques avec l’administration de seringues pré remplies en adrénaline dans l’attente du SMUR. La réalisation d’ ECG  précoces s’avère également utile pour dépister au plus vite les syndromes coronariens aigus et adapter leur prise en charge (protocoles thérapeutiques, stratégie d’orientation secondaire). »

Dr Loison, médecin coordinateur du service des urgences de l’hôpital privé Wallerstein d’Ares

Engagement gradué : la clé du secours à la personne

Aujourd’hui le SDIS de la Gironde est aujourd’hui le SDIS le plus avancé dans ce domaine au niveau national. Son implication dans la chaîne des soins, avec les autres intervenants, illustre parfaitement ce que représente l’engagement gradué des secours, c’est-à-dire l’envoi adapté de professionnels en fonction de la gravité de la situation. (du secouriste au médecin en passant par le technicien de soins d’urgences et la réponse paramédicale). Il s’agit d’un nouveau maillon dans la chaîne permettant d’apporter le juste soin aux victimes dans les délais les plus adaptés à la gravité de la situation. Cette évolution dans l’engagement opérationnel permettant une meilleure adaptation de la réponse représente l’avenir du secours et des soins d’urgences aux personnes.

« L’arrivée des ASU est une évolution majeure dans notre métier : nous sommes mieux formés, mieux outillés, et pleinement acteurs du secours à personne. Cela redonne du sens à notre engagement au quotidien. Quand on voit quelqu’un souffrir, ne rien pouvoir faire était frustrant. Aujourd’hui, on agit tout de suite, et ça change tout pour la victime. »

Adjudante Harmony CHICHILANNE du CIS Mérignac

« Grâce à ce dispositif, même en zone rurale, les premiers soins sont assurés rapidement. On réduit les délais et on améliore la qualité des interventions partout en Gironde. »

Adjudant-Chef Laurent VELIN du CIS Grignols

« Pour ma part, les ASU ont permis une réelle montée en compétence. Cela est bénéfique pour les pompiers, qui gagnent en technicité, et pour les victimes qui bénéficient d’une prise en charge améliorée, et de soins d’urgence, qui peuvent être parfois salvateurs »

Adjudant chef Sylvain COURGEAU du CIS PELLEGRUE

Revenir en haut de page